Charlotte Gainsbourg : « J’accepte un peu plus qui je suis » (L’union)

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Propos recueillis par Grégoire AMIR-TAHMASSEB, Publié le vendredi 25 mai 2012

« J’ai aujourd’hui moins d’appréhension à monter sur scène… »

REIMS (Marne). Avant son passage demain, samedi 26 mai, à la Cartonnerie de Reims, accompagnée du chanteur néo-zélandais Connan Mockasin, la chanteuse-actrice se confie sur sa musique, ses doutes, le cinéma.

DANS quel état d’esprit entamez-vous cette deuxième tournée quand on se rappelle à quel point vous appréhendiez la première en 2010 ?
« Je me sens beaucoup plus détendue, j’ai moins d’appréhension. Même si ce ne sont pas des toutes petites salles comme je l’avais imaginé, il y a tout de même un côté intime avec Connan et son groupe. C’est aussi très rassurant de l’avoir à mes côtés. J’ai moins l’impression qu’il n’y a que moi en avant. J’aime bien l’idée de faire des titres à lui, d’être parfois un peu en retrait. »

Quels enseignements avez-vous tiré de votre première tournée ?
« Je pense que c’est surtout le fait d’accepter mes défauts. Bon, je n’y suis pas encore et j’ai encore du chemin à faire ! Mais c’est ça aussi que je trouve très excitant, l’idée de pouvoir progresser, de faire un petit chemin. J’ai eu beaucoup à apprendre en très peu de temps. J’ai commencé tellement tard la scène. Tout s’est précipité un petit peu mais c’était tellement excitant de traverser les Etats-Unis avec les clichés américains de Tour bus, de se balader en France, en Europe et de finir au japon. S’il m’a fallu beaucoup de temps pour me jeter à l’eau, c’était quelque chose que j’avais quand même réfléchi, mais pas concrètement. Ce que je peux retenir de la dernière tournée, c’est j’espère une progression. C’est d’accepter un peu plus qui je suis, le fait d’avoir la voix que j’ai, de me découvrir aussi parce que je me cherche encore. »

Vous appréhendiez aussi beaucoup votre rencontre avec le public français…
« C’est vrai. Je m’étais fait tellement une montagne. J’avais l’impression d’être face à des gens qui allaient me juger, qui me connaissaient très très bien parce que j’ai fait des films et que mon premier titre date de quand j’avais douze ans. J’avais l’impression que j’allais jouer en famille et c’est le pire public. J’avais peur de moi. Je me jugeais moi-même tellement que j’avais l’impression que j’allais avoir des centaines de moi en face qui allaient me descendre comme moi je peux me descendre. Ça a donc été une très belle surprise parce que j’ai compris que les gens qui payent une place pour venir vous voir, ils n’ont pas, a priori, que des belles choses à vous apporter. »

« Les duos avec mon père sont intouchables… »

Que va-t-on retrouver sur la scène de la Cartonnerie, votre dernier album étant un mixte de live et de huit inédits ?
« Presque tous les inédits parce que j’avais envie de jouer des choses que je n’avais pas faites avant. Je repiocherais aussi dans l’album que j’ai fait avec Air, Beck. On aura des morceaux de Connan. Et puis, grâce à Connan justement, il y aura aussi trois chansons de mon premier album. En lui faisant écouter cet album écrit par mon père (Charlotte for Ever en 1986), il a beaucoup accroché au son des années 80. Il réinterprète avec un son particulier « Ouvertures éclair », « Pour ce que tu n’étais pas » et puis « Don’t forget to forget me »… Evidemment moi mes morceaux préférés sur cet album ce sont les duos que j’ai faits avec mon père. Mais ils sont intouchables ceux-là… »

Profiterez-vous de votre passage à Reims pour déguster du champagne ?
« Ça ne me réussit pas du tout le Champagne, c’est un trop grand excitant… Je suis désolée !!! Ah si, il y en a un que j’aime bien, c’est le champagne rosé… mais il faut que ce soit très bon. Je déteste le champagne cheap. »
Vous évoquez souvent la difficulté que vous avez d’écrire le texte d’une chanson. Est-ce que vous avez toujours un blocage à ce niveau-là ?
« Je suis bloquée mais en même temps je l’assume. J’ai moins de complexe par rapport à ça. Avant j’étais très complexée à l’idée de ne pouvoir être « que » interprète, d’avoir accompli si peu de chose. Aujourd’hui, je vois ce que j’apporte aussi dans les albums. Même si les mots ne sont pas les miens, les sujets ce sont les miens, ils sont très personnels parce que j’y ai mis beaucoup de moi dedans. »

Votre actualité cinéma c’est notamment un prochain tournage avec le très sulfureux Lars Von Trier…
« Il est très à part… C’est à la fois excitant et ça fait peur. On verra… j’espère que ça va bien se passer, que ce ne sera pas un cauchemar !
Mais tout ça c’est très hasardeux. Le scénario je le trouve très très beau donc j’ai vraiment envie de le faire. Lui, je l’aime énormément donc j’ai très envie de le retrouver. Mais après je ne garantis pas que le tournage se passe bien ! La première expérience a été très très bonne car sinon je n’y serai pas retournée. J’ai adoré le tournage d’Antichrist même si c’était douloureux, éprouvant comme travail. Quand il m’a proposé Melancholia, j’étais très heureuse qu’il me fasse confiance à nouveau. »

Concert samedi 26 mai, 20 heures, la Cartonnerie, 84, rue du Docteur-Lemoine, Reims. Tarifs de 22 à 29 euros. Renseignements au 03.26.36.72.40.

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