Charlotte Gainsbourg : « Le scénario de ‘Nymphomaniac’ me terrifiait » (Metro, 24 janvier 2014)

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EXCLU – Charlotte Gainsbourg s’est confiée à Aïda Touihri à l’occasion de la sortie du second volet de « Nymphomaniac », le dernier film de Lars Von Trier. Un entretien pudique et sincère, à découvrir samedi à 14h 50 dans Grand Public sur France 2.

Par Aida Touirhi, Metro France, 24 janvier 2014

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Interviewer Charlotte Gainsbourg relève de l’exercice d’équilibriste. A fortiori quelques semaines après la disparition de sa sœur, Kate Barry. Nous n’aborderons pas ce sujet douloureux. Ce n’est ni le but ni l’objet de notre rencontre. A 42 ans, l’actrice parait toujours si insaisissable, si fragile… une image qu’elle se plait à faire voler en éclat de film en film. Dans le dernier, Nymphomaniac, je la découvre dans le rôle d’une nymphomane assumée, racontant par le menu des frasques sexuelles dans lesquelles elle ne trouve plus aucun plaisir.

Le premier volume étant sorti au début du mois sans qu’elle y tienne un autre rôle que celui de la Shéhérazade des Mille et une nuits, c’est dans le second volet, en salles la semaine prochaine, qu’elle me surprend vraiment. Sa quête de plaisir, sous la direction de Lars Von Trier, devient désespérée, presque pathétique. Et dans ma tête, je ne peux m’empêcher de penser au tournage de certaines scènes, violentes, volontairement crues. J’ai tellement de questions à lui poser, alors ! Je serai la seule à qui elle répondra, pour « Grand Public ».

Sa confiance aveugle en Lars Von Trier

Prise par le tournage de la prochaine comédie d’Olivier Nakache et Eric Toledano, elle n’a pas beaucoup de disponibilités. Mais tient à défendre ce film qui lui tient tant à cœur. Elle nous donne rendez-vous dans un palace de Saint-Germain des Prés, à deux pas de chez elle. A peine maquillée, en jeans baskets, il me semble qu’elle appréhende elle aussi l’exercice. Et les questions. Pourquoi a-t-elle été « terrifiée » selon ses propres termes, à la lecture du scénario ? A-t-elle hésité à accepter le rôle de Joe ? Ses réponses se font dans un murmure.

Mais elle s’enhardit dès lors qu’elle évoque la confiance aveugle qu’elle accorde à Lars Von Trier, le seul, avec son compagnon Yvan Attal, à l’avoir fait tourner dans trois de ses films. « Je savais avant de lire le scénario que j’avais envie de faire ce film. J’avais peur de ce que j’allais lire, jusqu’où j’allais devoir aller. » Mais contrairement à ce qu’a affirmé Shia Labeouf en fanfaronnant, les scènes de sexe ont bien été doublées par des acteurs pornos. « Il y a des limites à ce que j’allais accepter de faire. » Je lui fais doucement remarquer que certaines scènes peuvent mettre mal à l’aise.

« Lesquelles ? me coupe-t-elle avec un ton soudain ferme.
– Les scènes d’humiliation par exemple…
– Ah oui, j’avais oublié! sourit-elle presque gênée.
– Comment les avez-vous abordées ces scènes ?
– C’était un peu humiliant, oui. Parce que même si ça n’est pas moi qu’on frappe, les positions, je les ai prises. Alors oui c’était embarrassant. Mais j’avais besoin de cette gêne pour pouvoir jouer ce que j’avais à jouer. Et je ne sais pas si je m’y retrouve, mais c’est un moment du film que j’aime beaucoup. »

Etonnante Charlotte Gainsbourg, fausse timide mais vraie provocatrice au fond. Lorsqu’elle avait reçu le prix d’interprétation, à Cannes pour le déjà controversé Antichrist, du même Lars Von Trier, elle avait invoqué son père, espérant qu’il était fier d’elle, et surtout « très choqué ». Cette fois encore, elle n’en doute pas. Joe la nymphomaniaque l’aurait encore beaucoup choqué.

MetroNewsParis

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