Charlotte Gainsbourg à l’Aéronef de Lille : « Le plaisir est si fort qu’il a pris le dessus » (La Voix Du Nord)

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Charlotte Gainsbourg à l’Aéronef de Lille : « Le plaisir est si fort qu’il a pris le dessus »

Par MARIE CASTRO, La Voix du Nord, lundi 07.06.2010

Elle était venue à Lille en février annoncer, avec la timidité qu’on lui connaît, que la tournée de son deuxième album « IRM » s’arrêterait dans la capitale des Flandres. Quelques mois et concerts plus tard, et d’un ton plus assuré, Charlotte Gainsbourg évoque son expérience de la scène. Elle rencontrera le public de l’Aéronef le 20 juin. Entretien.
L’actrice et chanteuse se jette à l’eau avec une première tournée.

PHOTO CHRISTOPHE LEFEBVRE

Comment vous est venue l’envie de franchir le pas de la scène ?

« Avec mon premier et précédent album 5 : 55, l’aventure s’était arrêtée abruptement puisque je n’avais pas fait de tournée. Avec IRM, que j’ai réalisé avec Beck, j’ai eu envie de donner une seconde vie à l’album. Je lui en ai parlé, il m’a beaucoup encouragée en me disant qu’il fallait que j’essaie. Moi, évidemment, j’avais énormément de doutes. C’est Beck qui m’a épaulée au début. »

La « trouille bleue » que vous évoquiez avant la tournée est restée ?

« La trouille bleue est restée mais le plaisir est si fort qu’heureusement, il a pris le dessus. Le plus dur, pour moi, a été de gérer le trac : se réveiller et ne pas pouvoir manger parce qu’on a peur. Ça, c’était compliqué. Mais après un certain nombre de concerts, j’ai vu que je finissais par me détendre un petit peu. »

Comment s’est passé le début de la tournée, en Amérique du Nord ?

« Très bien ! C’était vraiment une belle et nouvelle expérience. On a beau se préparer, répéter, il n’y a rien qui prépare au premier soir. Et ça, tous les musiciens me l’ont dit : « Il faut juste te lancer ! » C’est à force de faire des vraies dates qu’on finit par apprendre. »

Les cafés aux États-Unis ont été vos premières scènes. Un test ?

« Il y a eu quelques dates, des petits concerts de 45 minutes en décembre à Brooklyn, à New York, et à Philadelphie. Plus courts que les concerts d’aujourd’hui qui durent une heure et demie. »

Pour votre tournée, vous aviez quel genre d’envies ?

« Au début, je voulais me protéger avec un spectacle. Si 5 : 55, je le voyais comme un petit film, avec IRM, je ne veux pas faire quelque chose de prétentieux. Il faut rester très simple. La scène, je n’en suis qu’au début, je n’ai qu’à progresser. Ça me plaît de commencer modestement même si, en même temps, je ne veux pas juste être derrière un micro. »

Traqueuse comme vous l’êtes, comment vous êtes-vous jetée à l’eau ?

« Sur scène, il y a un laisser-aller nécessaire. Pendant les répétitions, j’avais tendance à me crisper dès qu’une fausse note partait.

Maintenant, je dois apprendre à être plus détendue. C’est du spectacle vivant, ça doit évoluer. Je ne veux pas m’enfermer dans une set list. C’est en cela que les « accidents » sont bienvenus, et je ne le comprends que maintenant. De toute façon, mes musiciens m’ont dit : « Ça suffit les répétitions ! » (rires) »

En concert, comment voyez-vous l’album ?

« J’ai découvert d’une manière plus poussée le sens des textes. En studio, tel que ça s’est fait avec Beck, je chantais les titres en même temps que je le découvrais. Il n’y avait aucun recul par rapport aux mots. Là, j’ai une plus grande connaissance de chaque chanson, un plus grand confort, et ça donne aussi une partition un peu différente. Et puis, certaines chansons ont forcément été adaptées à la scène, pas spécialement en plus rock mais les percussions sont différentes. »

Quelles sensations procure la scène par rapport au cinéma ?

« Là, j’ai vraiment l’impression que l’album m’appartient, que c’est à moi de faire les choses. Il n’y a pas de réalisateur, ni d’autres acteurs. »

Seule dans cette aventure, ça veut dire aussi plus fragile ?

« Par rapport à un rôle au cinéma, on se sent surtout complètement à nu. La caméra joue le rôle d’écran, il y a une distance qu’il n’y a pas forcément quand on est sur scène, où on sent une telle proximité avec les gens. »

Comment abordez-vous la tournée française ?

« En France, ce sera différent du Canada et des États-Unis parce que j’ai plus peur de décevoir. Les Américains, c’est pas que je m’en fous, mais je ne sais pas vraiment s’ils me connaissent réellement. D’ail-leurs, j’étais toujours surprise qu’il y ait des gens dans les salles (rires) . Le public français, j’y tiens ! C’est comme montrer un truc à sa famille, c’est plus intimidant que de le montrer à des inconnus. Je trouve même cette peur normale. Après, j’espère que sur scène, la relation avec le public sera d’autant plus forte. »

Que verra-t-on sur scène ?

« On est six en tout. Jouent avec moi un bassiste, deux guitaristes dont un qui est aussi violoniste, un batteur, un percussionniste et un clavier. Je reprends les chansons de mes deux albums, mais pas de celui que j’ai fait avec mon père (Charlotte For Ever). C’est trop ancien et puis, les titres que je préfère sont les duos que je chantais avec lui. Impossible de le faire ! En revanche, je reprends certaines de ses chansons et un titre de Dylan. »

Après la tournée qui se termine mi-juillet, vous avez des projets ?

« J’ai sur le feu un film avec Lars von Trier qu’on va probablement tourner en Suède en août. J’ai un scénario, mais avec lui ça reste toujours mystérieux avant le tournage. Tout ce que je peux vous dire, c’est que ce film n’a rien à voir avec le précédent (Avec Antichrist , Charlotte Gainsbourg avait reçu le Prix de l’interprétation féminine à Cannes en 2009). » •

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