Charlotte Gainsbourg, à nu (La Presse)

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Par Marc Cassivi, Cyberpresse.ca, 19 avril 2010

Le spectacle montréalais de Charlotte Gainsbourg avait d’abord été prévu à l’Olympia à la fin janvier. «Quand j’ai appris que le spectacle à Montréal était complet, alors qu’on n’avait pas répété, j’ai tout annulé, dit-elle. Ce n’était pas très gentil de ma part, mais en même temps, je ne pouvais pas imaginer commencer comme ça, en plus à Montréal. J’avais envie de faire ça bien, de ne pas décevoir les gens.»
Photo: Warner Music Canada

Elle avait 13 ans quand Serge Gainsbourg lui a composé un premier album, Charlotte Forever. Après un hiatus de 20 ans, consacré au cinéma, Charlotte Gainsbourg est revenue à la chanson en 2006 avec 5:55, un disque atmosphérique créé pour elle par le duo français Air et le leader de Pulp, Jarvis Cocker.

Avec Beck aux commandes d’IRM, troisième album de chuchotements élégants paru l’automne dernier, l’actrice a de nouveau été magnifiquement servie. Mais c’est seule qu’elle viendra défendre son répertoire, vendredi et samedi à l’Olympia, devant un public montréalais sensible au charme de sa fragilité et de sa force sourde.

Charlotte Gainsbourg, dont la filmographie compte près d’une quarantaine de titres depuis le proverbial Paroles et musiques d’Elie Chouraqui, en 1984, arrive au Québec forte d’une demi-douzaine de concerts… en carrière. Nous l’avons jointe la semaine dernière, après les deux premiers spectacles de sa première tournée, à Vancouver et Victoria.

«Le premier soir, j’étais très, très nerveuse, dit-elle de son baptême de la scène. Je pense que c’est un peu normal, d’essuyer les places comme ça pour la première fois. Le deuxième soir, j’étais beaucoup plus détendue. J’ai compris qu’il pouvait y avoir du plaisir à faire ça. Ce qui me fait peur, c’est des choses bêtes: de perdre les mots, de perdre les pédales. Dans l’absolu, il faut se dire que rien n’est grave et que les erreurs ne sont pas dramatiques. Mais c’est très dur de l’assumer.»

C’est Beck, le maître d’oeuvre d’IRM, qui a poussé l’interprète, constamment dans le doute, à porter son disque à la scène. Elle n’avait pas fait de spectacles à l’appui de 5:55. «Avant de terminer l’album, il nous manquait quelques chansons et Beck m’a demandé si j’envisageais de faire du live. J’étais un peu incertaine, mais en même temps très tentée. Il m’a dit: «Si tu fais de la scène, il faut qu’on te fasse des chansons plus rythmées, parce que c’est ce genre de chanson qu’on a le plus de plaisir à faire sur scène.» J’avais encore pas mal d’hésitations, mais il m’y a poussé en me disant que ça valait vraiment le coup et qu’il y croyait. Ça m’a beaucoup rassurée de sentir qu’il était encore un peu derrière moi.»

En spectacle, Charlotte Gainsbourg est accompagnée entre autres par deux musiciens de tournée de Beck, qui étaient de l’enregistrement de son disque. Une présence rassurante pour une artiste qui découvre le vertige de la scène. «Au cinéma, on a le temps d’habiter le trac et de le manipuler, alors que sur scène, c’est tellement immédiat que j’ai l’impression de courir après un calme qui ne vient pas. La grande différence, même avec le théâtre, c’est que je n’ai que moi à proposer. Je n’ai pas un personnage. J’ai l’impression d’être à nu devant les gens.»

Délai montréalais

On n’a pas à chercher plus loin les raisons du report de son spectacle montréalais, d’abord prévu à la fin janvier, puis reprogrammé pour deux soirs cette semaine (le concert de vendredi sera présenté à guichets fermés).

«On devait démarrer la tournée il y a quelques mois, puis on l’a repoussée, dit-elle. Quand j’ai appris que le spectacle à Montréal était complet, alors qu’on n’avait pas répété, j’ai tout annulé. Ce n’était pas très gentil de ma part, mais en même temps, je ne pouvais pas imaginer commencer comme ça, en plus à Montréal. J’avais envie de faire ça bien, de ne pas décevoir les gens. J’ai été très surprise que ça se vende si vite. Je me suis dit que je bénéficiais peut-être d’une sympathie pour Jean-Pierre Ferland…»

Le chat du café des artistes, la seule des 13 chansons d’IRM n’ayant pas été composée par Beck, a été présentée en rappel lors des premiers spectacles de la tournée. Il y a fort à parier qu’elle sera aussi prévue au dessert à Montréal. C’est Beck lui-même qui a proposé à Charlotte Gainsbourg d’enregistrer ce classique, tiré de l’album Jaune, qui lui rappelait la musique du grand Serge.

«Il y a des ponts entre ce morceau-là et mon père, c’est évident, croit aussi la chanteuse. D’ailleurs, en France, où Jean-Pierre Ferland était peut-être un peu moins connu, on avait l’impression qu’il était complètement inspiré par mon père alors que je n’en sais rien. Ce n’est pas forcément pour ça que j’ai voulu le faire. Je l’ai découvert grâce à Beck et quand je l’ai écouté la première fois, j’ai été hypnotisée. C’est un morceau étonnant. Je l’ai écouté en boucle, jusqu’à en être intimidée, presque. L’enregistrement a été très excitant. C’est le père de Beck (David Campbell) qui a conduit l’orchestre de cordes. C’était très touchant pour moi de voir Beck avec son père. C’était magique.»

Histoires de famille

Sur scène, Charlotte Gainsbourg puise dans le répertoire d’IRM et de 5:55, mais interprète aussi deux chansons de son père. «J’ai déjà fait Sorry Angel pour un showcase à New York. Cette fois-ci, j’ai eu envie de changer un peu et de m’attaquer à mon morceau préféré, qui est L’hôtel particulier. On fait aussi Couleur café. C’est étrange parce que son répertoire est tellement énorme que c’est difficile quand on se sent tout débutant de choisir. J’ai encore du mal à l’assumer, et à m’assumer en tant qu’artiste. À revendiquer ce statut.»

– À cause de vos parents?

«Je suis, je crois, trop intimidée par ce qu’ils ont fait pour me sentir à la hauteur», répond la fille de Jane Birkin.

Non, elle n’a pas vu Gainsbourg (vie héroïque), le conte biographique qu’a consacré à son père le cinéaste et bédéiste Joan Sfar, à l’affiche au Québec depuis quelques semaines. «Et je ne veux pas le voir! dit-elle avec un rire timide. Je n’ai rien contre le metteur en scène, c’est juste que c’est trop personnel, trop intime. Je n’ai pas envie de m’infliger ça.»

On lui a pourtant proposé, et elle a longtemps considéré, d’incarner elle-même son père dans le film. «Je pense que c’était un peu absurde. Ça m’a tenté. Pendant deux mois, j’ai cru que peut-être je pourrais enfin regarder des morceaux de films avec lui et me plonger dedans. Peut-être faire un deuil que je n’ai jamais fait. Mais finalement, je n’en avais pas le courage. Je me suis dit que je n’avais pas les épaules pour soutenir ça. Et puis après, j’ai eu un accident, très grave, qui a fait que je n’étais plus du tout là-dedans.» (Un accident de ski nautique lui a inspiré le titre et le thème de son album, IRM, pour imagerie par résonnance magnétique.)

Révélée au grand écran en 1986 par L’effrontée de Claude Miller (pour lequel elle a obtenu le César du meilleur espoir féminin), l’actrice de 38 ans tournera l’été prochain avec Lars Von Trier le film-catastrophe Melancholia, en Suède, en compagnie de Kirsten Dunst, Charlotte Rampling et Kiefer Sutherland. Une nouvelle collaboration avec le tourmenté metteur en scène danois, après le cauchemardesque Antichrist, qui lui a valu un Prix d’interprétation bien mérité au dernier Festival de Cannes.

«C’est une nouvelle aventure, dit-elle. J’ai très envie de le retrouver. J’ai peur aussi. J’ai tellement un souvenir magique du tournage d’Antichrist que je ne sais pas comment on retravaille ensemble après. C’était quand même particulier. J’ai beaucoup d’espoirs et puis un peu d’inquiétudes. Je pense que c’est comme ça qu’il faut travailler.»

Rencontrez Charlotte Gainsbourg

Courez la chance de gagner une paire de billets pour assister au spectacle de Charlotte Gainsbourg à l’Olympia de Montréal le 24 avril prochain. Vous aurez aussi l’occasion de rencontrer Charlotte Gainsbourg et de lui faire autographier son CD.

Pour participer, rendez-vous sur http://www.cyberpresse.ca/concoursgainsbourg.

Au total, il y a un prix à gagner, ce prix consiste en :

* Deux billets pour le spectacle de Charlotte Gainsbourg le samedi 24 avril à 20 h à l’Olympia de Montréal;
* Deux entrées au « meet and greet » avec Charlotte Gainsbourg;
* Deux cds « IRM » de Charlotte Gainsbourg à faire autographier par l’artiste.

Valeur totale approximative
de l’ensemble du prix : 95 $ CA.

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