Charlotte Gainsbourg, actrice dans PRETE-MOI TA MAIN – 01/11/2006

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Elle vient tout juste de terminer à Montréal le tournage du nouveau film de Todd Haynes I’M NOT THERE, consacré à la vie de Bob Dylan et elle s’apprête à repartir jusqu’à la mi-janvier sur celui du prochain James Ivory THE CITY OF YOUR FINAL DESTINATION, en Argentine. Bref, Charlotte Gainsbourg n’a pas vraiment le temps de souffler d’autant que la comédienne – chanteuse poursuit parallèlement la promotion de son album 5 :55, en Allemagne et en Italie. Elle nous a, néanmoins, accordé un peu de son précieux temps pour nous parler du plaisir pris à incarner Emma dans PRETE-MOI TA MAIN d’Eric Lartigau . Un plaisir plus que partagé…

On ne vous connaissait pas vraiment dans ce registre de la comédie mais on sent que vous vous êtes beaucoup amusée…
Oui, ça défoule ! Dans LA BUCHE, il y avait déjà un ton un peu agressif et je ne me souviens plus précisément des répliques, mais dans le film de Blier (ndlr ; MERCI LA VIE), ça me plaisait déjà beaucoup d’avoir à dire des répliques assez crues. Là, c’est vrai que je me suis éclatée avec ce personnage, il n’y a rien de plus agréable à jouer que l’animosité surtout quand vous avez Alain en face de vous… Avec Eric, ils m’ont beaucoup aidée car ils savaient que j’étais intimidée par le registre de la comédie. Je leur ai demandé s’il fallait que je trouve un rythme particulier, différent, car si je devais jouer comme un clown, je ne savais pas le faire.

Pouvez-vous nous parler de vos partenaires ?
Alain Chabat que vous retrouviez pour la troisième fois et Bernadette Lafont que vous aviez croisée à vos débuts dans L’EFFRONTEE ?Avec Alain, on se connaît réellement depuis le film d’Yvan ILS SE MARIERENT, ensuite on a fait celui de Michel Gondry (ndlr ; LA SCIENCE DES REVES) mais on avait juste quelques scènes en commun. Et comme nous sommes tous les deux assez timides, nous n’étions pas vraiment potes dans la vie. Ce film a été l’occasion de mieux nous connaître et de vraiment jouer ensemble. Sachant que j’avais des inquiétudes, Alain m’a beaucoup rassurée, il était très à l’écoute. Il y a eu une très bonne alchimie entre nous, c’était donc très agréable à faire, d’autant que le tournage s’est déroulé dans un climat de détente et de déconnade incroyable. Bernadette, elle, fait partie de mes plus beaux souvenirs de cinéma et de jeunesse. Donc c’était très émouvant de la retrouver. Je ne l’avais pas revue depuis le tournage de L’EFFRONTEE, il y a 22 ou 23 ans, ça fait beaucoup.

Partagez-vous quelques points communs avec Emma, votre personnage ?
J’ai quelques points communs avec elle, mais comme on en cherche pour tous les rôles de toutes façons. Emma remplit son contrat, elle fait son boulot, tout simplement, je ne me sens pas trop comme çà. Je pense que je suis moins rentre-dedans qu’elle. Je suis moins franche du collier, moins agressive mais je m’y retrouve un peu, ainsi que dans sa grossièreté. Mais ça Alain ne le savait pas quand il écrivait le rôle. (rire)

On a le sentiment que vous êtes en train de passer un cap dans votre carrière. Musique, cinéma, tout vous sourit. Comment le vivez-vous ?
Je n’oserais pas dire ça, je me sentirais prétentieuse et je ne suis pas du tout sur des acquis à me dire que j’ai passé un cap. A chaque projet je me remets en question. Et puis, j’ai toujours tendance à aller vers la difficulté, à ne pas prendre les choses de manière légère. Je le regrette parce que c’est pénible, je me gâche une partie du plaisir. Ce qui me plait, c’est d’être dans le travail et je me rends compte de la chance que j’ai eu dernièrement d’avoir des rôles si différents, de passer de PRETE-MOI TA MAIN au film de Crialese (ndlr ; GOLDEN DOOR, sortie le 17 mars 2007) ou à celui de Todd Haynes que je viens de terminer, sans oublier Michel Gondry. Il n’y a aucun point commun entre ces films, mais à chaque fois j’ai la chance de rencontrer des metteurs en scène très originaux. J’espère juste que ça ne va pas s’arrêter là. Et puis j’ai aussi eu le privilège de pouvoir concrétiser ce projet de disque qui traînait depuis plusieurs années, et de prendre le temps de le faire tranquillement avec une telle équipe autour de moi. J’ai été très surprise de l’accueil qui lui a été réservé car je ne m’y attendais pas du tout. Ca m’a rendu très heureuse, mais ce n’est pas pour autant que je suis contente de moi. (sourire)

Qu’en est-il du prochain film d’Yvan Attal LES SABINES, et du projet de musée consacré à votre père dont on parle depuis très longtemps ?
Oui, je sais ça fait quinze ans que j’en parle (rire) Mais ça bouge quand même un peu actuellement, on a une équipe qui travaille dessus et ça devrait se faire. J’ai contacté Jean Nouvel qui aimait beaucoup mon père et qui était très intéressé par ce projet. Il a déjà réalisé une plaquette avec sa vision du musée où il ne dénature pas du tout le lieu. J’espère que ça va nous aider à démarcher et à aller voir des financiers. Nous en sommes à cette étape où les choses peuvent enfin se concrétiser. Je touche du bois car je ne peux pas non plus y consacrer tout mon temps, j’ai besoin d’avoir mes choses à moi, c’est une question de survie. Et puis, c’est toujours un point très sensible et douloureux, donc j’aimerai que les gens prennent ce projet en main et le fassent avancer sans que je sois forcément derrière au quotidien. Quant au film d’Yvan, il vient de terminer une nouvelle version du scénario, maintenant il faut qu’il le monte. C’est un projet très ambitieux, un conte avec des effets spéciaux, beaucoup plus cher que les précédents. C’est un film qui ne peut pas se faire dans l’économie, donc c’est compliqué. J’espère vraiment qu’il va très vite y arriver, sinon je serai trop vieille pour le rôle (rire) et ça ce serait terrible car j’en ai très envie, c’est vraiment un beau projet. Travailler avec lui, être dirigé par lui, avec cette complicité, c’est quelque chose d’incroyablement riche. J’ai tellement confiance dans son jugement, que pour moi c’est vraiment le travail idéal.

Propos recueillis par Jean-Luc Brunet

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