Charlotte Gainsbourg: « Chanter des titres qu’on a soi-même écrits diminue la pression » (AFP)

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Par AFP , publié le 26/03/2018 à 14:28 , mis à jour à 14:28

Amsterdam – « Chanter des titres qu’on a soi-même écrits diminue la pression »: Charlotte Gainsbourg se confie sur son rapport délicat à la scène et ses premières impressions après le début de sa tournée qui passe mercredi par La Cigale à Paris.

Samedi, celle qui partage sa vie d’artiste entre le cinéma et la musique, faisait halte à Amsterdam pour la troisième date de sa tournée. Dans la salle du Paradiso, surnommé « le temple de la pop » (« Templepop ») qui affichait complet, elle présentait à un public connaisseur de l’oeuvre gainsbourgeoise – père et fille – les chansons de son très beau dernier album, « Rest », sorti en novembre.

« Les chansons de +Rest+ sont faciles à interpréter sur scène, car elles viennent de moi. On a moins le trac à l’idée de perdre les mots, parce qu’on n’a pas la sensation de décevoir les auteurs. J’avais un peu cette pression auparavant avec Beck, avec Jarvis Cocker. Ils avaient écrit pour moi (sur ses trois précédents albums « 5:55 », « IRM » et « Stage Whisper », ndlr). Donc c’était à moi de bien les servir », dit-elle.

Dans « Rest », qui lui a valu sa première Victoire de la musique dans la catégorie « artiste féminine », Charlotte Gainsbourg s’est livrée comme jamais auparavant, évoquant notamment les deuils de son père Serge et de sa demi-soeur Kate Barry dans ses premières chansons écrites en français. Une émancipation musicale réussie, qui appelait confirmation sur scène.

« Je me suis demandée si la tournée allait être éprouvante vu la nature des chansons. Et en fait non, j’ai plaisir à vivre ces moments. C’est comme une parenthèse où le temps s’arrête », juge-t-elle.

Le « plaisir », Charlotte Gainsbourg l’éprouve aussi de façon collective sur scène, avec un nouveau groupe qui l’accompagne désormais.

– Piano bouclier –

« Les premiers musiciens que j’ai eus en 2009, c’était ceux de Beck. Ils étaient ultra-pros. Je sentais que je n’étais pas à la hauteur. Donc je n’étais pas moi-même. En 2012, c’était avec Connan Mockasin et tout son groupe. J’étais la pièce rapportée. Là, pour la première fois, j’ai mon groupe. Ce sont des musiciens très jeunes, on s’est formés tous ensemble. Je me sens privilégiée », apprécie l’artiste de 46 ans.

Dans sa quête de confiance, Charlotte Gainsbourg doit néanmoins composer avec le trac, qu’elle ne peut maîtriser.

« Le trac a des visages différents chez moi. Soit il provoque une panique intérieure qui ne disparaît pas. Soit, et c’est plus sournois, j’arrive à me détendre et dès que je me sens un peu trop à l’aise, hop, ça dérape. C’est du domaine de l’autoflagellation », sourit-elle.

Si toutes les dates de la tournées affichent complet, de Londres à Tokyo en passant par New York, celle de mercredi à La Cigale revêt une importance particulière. « Il y aura mes proches, des gens que je connais… Ce sera beaucoup plus intimidant. »

En attendant, au Paradiso, la chanteuse a réussi à dissimuler sa boule au ventre, le plus souvent assise devant son piano qui fait office de bouclier aux émotions. « C’est très rassurant d’avoir un truc à faire, autre que le chant », éclaire-t-elle.

Outre ses propres chansons, elle a interprété celles écrites par son père, « Lemon Incest » et « Charlotte for Ever », avec lesquelles on la découvrit adolescente il y a plus de trente ans.

« Chez moi, les références sont constantes, reconnaît Charlotte Gainsbourg. Sebastian, avec qui j’ai fait +Rest+, s’en amusait pendant l’enregistrement. Dès que je me mettais à parler un peu il me disait: +là tu commences à ressembler à ton père+. Puis après dès que je commençais à partir dans les aigus, il me disait: +tu vas ressembler à ta mère+. »

« Donc c’est compliqué à éviter. Mais du coup je me sers de tout, je l’assume complètement et peut-être donc que j’en deviens moi-même. Enfin j’espère. Il serait temps! »

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