Charlotte Gainsbourg : « J’aimerais chanter avec ma mère »

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Par Thierry Dague, Le Parisien, 09.12.2011

Elle « redoutait » l’expérience, mais la première tournée de Charlotte Gainsbourg, en 2010, s’est avérée « excitante et joyeuse ». La preuve avec « Stage Whisper », sorti cette semaine, CD live enrichi d’un DVD et de huit titres studio inédits qui valent le détour, entre rock, electro ou encore folk.

La chanteuse y retrouve Beck, producteur de l’album « IRM », et se frotte à des collaborateurs très pointus (Connan Mockasin, The Villagers…). Jeune maman « quadra » (elle a eu 40 ans et son troisième enfant la même semaine, en juillet), la fille de Serge avoue qu’elle « se cherche encore », et aime ça.

Est-ce que cette tournée vous a changée ?
CHARLOTTE?GAINSBOURG. Non, mais j’ai réalisé que j’en étais capable. J’avais peur d’être attendue au tournant, mais j’ai senti de la bienveillance dans le public.

Maintenant, vous vous sentez comme une chanteuse à part entière ?
Non. Mais je ne me dis pas actrice non plus. J’ai la chance de pouvoir faire ces deux métiers depuis que je suis toute petite. A 19 ans, mon agent m’a demandé de choisir entre le cinéma et les études. J’ai choisi. Pour la chanson, c’est différent. Quand mon père est mort, je me suis dit : « Avec lui, ça disparaît, je n’aurai pas la possibilité de refaire ça. »

Sur le DVD, on aperçoit votre mère, vos enfants… C’était une tournée en famille ?
Oui, j’ai tout fait avec eux. Sur les tournages, c’est pareil, sauf « Antichrist », où j’avais besoin que ce soit cloisonné. Maintenant, j’en tiens compte pour choisir les films. Je n’irais pas au fin fond de la jungle.

Les huit inédits, c’est un avant-goût du prochain disque ?
Non, parce que ça part dans tous les sens. Depuis la fin de la tournée, j’ai rencontré plein de gens, travaillé sur différents titres à droite à gauche. On a décidé de les sortir sans attendre, sans calculer. J’aurais envie de plus d’homogénéité sur le prochain album.

On a parlé d’un titre écrit par Paul McCartney ?
Oui, j’ai eu la chance qu’il m’écrive une chanson, que j’aime beaucoup. Mais je ne sais pas si elle sera sur le disque.

Vous chanterez en français ?
Je n’y arrive pas. Je trouve ça très difficile de trouver un alter ego à mon père. Et pour que j’écrive moi… Beck m’a conseillé de commencer par écrire le plus mauvais texte qui soit mais, même ça, je n’ai pas réussi! (Rires.)

Pour son premier album, votre demi-frère Lulu a repris des chansons de votre père. Ça vous a fait bizarre ?
Non, ça m’a fait plaisir. C’est très courageux de sa part. Je l’ai connu bébé, c’est vraiment touchant de le voir s’envoler.

Vous pourriez travailler un jour avec lui ?
Je ne sais pas. C’est bien de travailler en famille. Je l’assume mieux aujourd’hui. Avant, je me mettais plein de barrières. J’aimerais beaucoup faire un film avec ma mère, chanter avec elle aussi.

Vous deviez tourner avec Yvan Attal et François Cluzet un remake de « Humpday », où deux amis hétéros font le pari de tourner un porno gay ?
C’est fait ! Je joue un petit rôle, en couple avec Asia Argento, et je me suis éclatée! (Rires.) C’est Laetitia Casta qui joue la femme d’Yvan. Sinon, j’espère tourner un film avec Lars Von Trier l’été prochain. D’ici là, j’aimerais bien donner quelques concerts avec Connan Mockasin, qui signe un des inédits de l’album.

Yvan Attal va faire du théâtre, en janvier, ça vous donne des idées ?
J’aimerais jouer avec lui un jour. Ce serait bien de partager quelque chose d’aussi fort.

Vous avez eu 40 ans cette année, un cap difficile ?
J’ai hâte d’en avoir 41, comme ça on arrêtera de me poser la question! (Rires.) Pour une actrice, l’âge est compliqué : on est tellement confronté à son image. Et puis ce n’est pas agréable de se voir vieillir. J’espère que j’accepterai toutes mes rides, mais je n’en suis pas sûre… Là, je joue avec deux musiciens de 19 ans et je me sens vieille!

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