Charlotte Gainsbourg parle de son album (Interview Les Inrocks)

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Le 21 octobre 2009 – par Pierre Siankowski, Les Inrockuptibles

Alors que sort sur le net un premier extrait de son nouvel album, IRM, Charlotte Gainsbourg revient sur sa fructueuse collaboration avec Beck, attendu pour décembre.

Vous venez de mettre sur le net un premier extrait de votre deuxième album, IRM. Sur ce morceau, on entend de véritables bruits IRM, pourquoi ?

C’est quelque chose qui s’est mélangé à ma vie. Avant d’enregistrer ce disque, c’est la première chose à laquelle j’ai pensé. J’ai fait beaucoup d’IRM après un accident de ski nautique, et alors même que je passais les examens, je me disais qu’il fallait faire quelque chose de ces sons. J’ai fait tellement d’IRM – la majorité pour me rassurer, pour me convaincre qu’il n’y avait plus de problèmes – que ce son m’est devenu familier, il n’était plus du tout dérangeant pour moi. Et puis rythmiquement il y a quelque chose dans le bruit de ces machines. Ça ne m’a pas bercé, mais presque. J’avais envie de leur rendre ça.

Comment avez-vous rencontré Beck, qui a réalisé tout l’album ?

Je l’ai rencontré au moment ou j’ai enregistré mon premier disque. On s’est croisé dans les studios d’enregistrement de Nigel Godrich, à Los Angeles. Godrich produisait mon album et le sien en même temps. J’ai toujours beaucoup écouté sa musique, et surtout j’ai adoré son dernier album, Modern Guilt. C’est ma maison de disque qui l’a contacté pour ce disque, je n’aurai pas osé le faire personnellement, j’aurai eu trop peur qu’il refuse.

Beck et vous êtes deux personnes plutôt réservées, comment ça s’est passé au quotidien ?

Au départ j’étais très intimidée par lui, et c’est vrai qu’on ne se disait pas grand-chose. On a organisé cinq jours de studio pour voir ce qu’on allait pourvoir faire ensemble, et ça s’est hyper bien passé. J’ai le sentiment de m’être plus amusée sur cet album que sur le précédent, même si ça n’a pas toujours été une partie de plaisir. Beck m’a demandé d’être très présente, on écrivait ensemble dans le studio, chacun dans notre coin au début, et puis il m’a vraiment sollicitée, en guettant mes réactions, en les intégrant à son travail. Il a vraiment tout fait pour me mettre à l’aise, il m’a poussé le plus possible. Et au final, j’ai amené des titres, j’ai même joué un peu de piano…

Vous avez bossé un peu quoi…

Ah oui, j’ai bossé énormément (rires). Il m’a aussi poussé à écrire en français, j’ai essayé, mais je trouve toujours ça difficile en chanson. L’anglais est plus évident pour moi. Je me suis donc contenté de sélectionner des poésies d’Apollinaire et de les dire. Ensuite il m’a convaincu de chanter une reprise du Chat du Café des Artistes, un titre du Québécois Jean-Pierre Ferland. C’est une chanson incroyable qu’il a sortie de son chapeau.

En mai dernier, vous avez été récompensée par le prix d’interprétation à Cannes, c’est une forme de légitimation pour vous ?

Oui c’est important. Le succès ou l’échec d’un film, c’est tellement vite passé qu’un prix comme celui-là ça rassure. Surtout d’être récompensée pour ce film qui n’était pas évident pour moi, c’était important. Ça m’a donné raison.

Vous venez de finir le tournage du prochain film de Julie Bertucceli, une jeune réalisatrice française, en Australie.

C’était une sacrée expérience, j’ai passé beaucoup de temps au fin fonds de la campagne australienne, c’est très très désertique. J’ai même vu les fumées rouges du côté de Brisbane, c’était à la fois assez inquiétant et très beau, le ciel était orange.

Album : IRM (Because Music), à paraître le 7 décembre

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