Interview Charlotte Gainsbourg dans A Nous Paris

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Charlotte Gainsbourg pour Gerard Darel

Charlotte est en interview et en couverture de A Nous Paris cette semaine :
Toute petite déjà, Charlotte est entrée – for ever devrait-on dire – dans la légende de la chanson et du cinéma grâce à un album et un film que lui a consacrés son illustre père Serge Gainsbourg. Devenue femme, c’est son mari Yvan Attal qui s’est inspiré d’elle et de son quotidien de comédienne dans Ma femme est une actrice. Et cette semaine, en interprétant une des femmes de Bob Dylan dans I’m not there, une évocation originale de la vie du chanteur par différents personnages, elle illumine de son charme et de sa présence l’incarnation du grand Bob. Et si Charlotte était une muse… tout simplement ?

Qu’est-ce que ce film a de différent des biographies habituelles sur les chanteurs ? Charlotte Gainsbourg : Son originalité. On n’est pas là pour apprendre la vie de Dylan, on est là pour entrer dans un trip, un voyage sur l’univers de Dylan et ses influences. C’est un film tellement riche sur la vision que quelqu’un a de lui, avec les personnages que Dylan pourrait être ou ne pas être.

Est-ce que vous êtes jalouse de Cate Blanchett qui a reçu le prix d’interprétation féminine à Venise ?
Oh ! Bah non, enfin (rires) !

Plus sérieusement, auriez-vous aimé être, comme elle, une des incarnations de Dylan ?
Je n’aurais jamais pu le faire comme ça. Et puis ça, c’est la volonté d’un metteur en scène, d’utiliser ce côté androgyne et fougueux de Cate Blanchett que je n’ai pas forcément. C’est vrai – je mentirais si je disais le contraire – qu’il y a des scénarios qu’on reçoit où on se dit : « Pourquoi on me propose ce rôle et pas celui-là ? »

Qu’est-ce qui a été le plus difficile à faire sur ce film ?
Avec mon partenaire Heath Ledger, on est arrivés en bout de course, Todd Haynes nous montrait les rushes, mais c’était hyper intimidant de voir le boulot de Cate Blanchett, deux jours avant de tourner. Ce n’est pas ce qui me mettait dans la plus grande confiance, mais pour lui, c’était juste la générosité de m’expliquer son film. Et ça, c’est tellement rare.

Comment vous êtes-vous préparée pour ce rôle ?
Todd nous avait donné des compilations de Dylan attachées au personnage. Et puis, sur le tournage, il y avait des enceintes qui nous balançaient les titres en direct, pour nous mettre dans une certaine émotion. C’est vachement enrichissant. Bon, ça a emmerdé beaucoup l’ingénieur du son !

Bob Dylan est connu pour son côté chanteur engagé. Pensez-vous qu’une chanson peut changer le monde ?
Bien sûr ! Mais ce n’est pas forcément une chanson engagée. Ça a beaucoup de pouvoir, la musique. Et puis, ce n’est pas le résultat qui compte, c’est l’énergie qu’on y met.

Il paraît que vous êtes fan de Bob Dylan ?
Oui, ça a commencé vers 13 ans. C’est mon père qui m’a conseillé Dylan, et c’est le premier disque que j’ai acheté. Pour lui, il y avait une chanson qu’il fallait absolument avoir, c’était Lay Lady Lay. Donc, j’ai découvert Dylan, et ça ne m’a jamais quitté.

Charlotte Gainsbourg en couverture d'A Nous Paris (4 décembre 2007)

Savez-vous si Bob Dylan a vu le film ?
Il a donné son accord, ce qui est très rare apparemment, mais je ne pense pas qu’il l’ait vu. Je me mets juste bêtement à sa place, mais je ne sais pas si j’aurais envie de voir un film sur moi…
Pourtant, votre mère Jane Birkin parle de vous dans Boxes, le film qu’elle a réalisé cette année.
Tout le monde le fait. Mon père l’a fait aussi. Yvan aussi s’inspire de nous. Je suis un peu habituée. Tant que ça ne fait pas du mal, que ça ne blesse pas – et c’est toujours une tangente – les auteurs sont les auteurs.

Accepteriez-vous qu’on fasse un film sur votre père ?
De ce talent-là, de cette envergure ? Oui. Il y a des propositions qui se feront peut-être, car aujourd’hui, c’est un peu la mode. Mais c’est intéressant la vie des artistes, il faut juste qu’il y ait un point de vue original et un ton donné, sinon, autant aller au musée.


Et accepteriez-vous qu’on fasse un film sur vous ?
Un film sur moi (rires) ? Oh ben, je suis si veille que ça ? Non, non, je ne le mérite pas encore.

Dans le film, votre partenaire Heath Ledger vous demande ce qu’il y a au centre de votre monde. Qu’y a-t-il au centre du monde de Charlotte Gainsbourg ?
Il y a ma vie de famille. C’est tout con, mais voilà. C’est plus important que tout. Même si le travail est très important et contribue à mon épanouissement. Je ne pourrai pas ne pas travailler. Pourtant, je touche du bois, car j’ai toujours cette inquiétude de comment ça va s’arrêter.

Quels sont vos projets ? Les Sabines, le prochain film de votre mari Yvan Attal ?
J’espère ! Mais c’est un projet qui est lourd à monter. Il en a d’autres en plus, en parallèle, donc le premier qui se montera, il le fera… et je ne suis pas dans tous ses projets, c’est mon grand drame (rires). Donc, on verra bien.

Votre mari ne vous veut pas dans tous ses projets ?
Je ne peux pas me métamorphoser en dame de 60 ans ou en adolescente de 17 ans. Et puis, il a peut-être envie d’aller voir ailleurs aussi, hein ?

Et en musique, vous avez des projets ?
J’ai envie de faire un autre album, mais j’ai aussi vraiment envie de prendre mon temps. Je l’assume entièrement. J’ai toujours dit que j’étais lente, voilà je le redis ! Il faut que ça mûrisse. Je change d’avis, je me laisse porter, et en même temps j’ai toujours la panique du temps qui passe en me disant : « J’espère que je ne vais pas faire un album à 50 balais ! ».


I’m not there, de Todd Haynes, avec Cate Blanchett, Christian Bale, Charlotte Gainsbourg, et Richard Gere. Évocation. Sortie le 5 décembre.

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