Le talent de Charlotte Gainsbourg décomplexé par Beck (La Voix Du Nord)

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Par Anne Courtel, La Voix Du Nord, 12 décembre 2009

Après Air, c’est vers Beck que s’est tournée Charlotte Gainsbourg pour ce troisième album.

Charlotte Gainsbourg est de toutes les couvertures de magazines pour un nouvel album – le troisième – enregistré sous la houlette de Beck.
Avec « IRM », le Californien semble avoir soigné les plaies et les doutes de Charlotte Gainsbourg. Timide mais décomplexée, elle offre un album somptueux entre rock et folk. La sublime surprise de l’année…

Beck.- « La rencontre avec Beck s’est faite très simplement. À part l’admiration que j’avais pour lui, il n’y avait pas de calcul. Je n’ai pas cherché s’il pouvait y avoir une alchimie possible. Il m’a demandé ce que je voulais. Je ne voulais pas m’enfermer dans un style. Pour Air, j’avais envie de rentrer dans leur atmosphère. Avec Beck, j’avais l’impression qu’on pouvait tout se permettre. Son côté éclectique, j’avais envie d’en profiter.»

La création.– « Je donnais les idées comme pour les textes et il écrivait tout puisqu’il joue de tous les instruments… On faisait beaucoup en fonction de notre humeur. L’enregistrement s’est étalé sur un an et demi. Il s’est fait chez lui à Los Angeles. Lorsque je repartais, il continuait à travailler les morceaux. Il y avait un côté très spontané lors de la création puis très méticuleux sur le produit fini. On s’est amusé à tenter des styles qui, a priori, n’étaient pas faits pour moi. Beck a tout fait pour me mettre à l’aise et me décomplexer. Quand on n’arrête pas de vous dire que ce que vous faites est super, cela vous donne des ailes. À côté de ça on a tenté de faire des choses, comme un rap et j’étais très mauvaise… »

L’écriture des textes.– « Je n’y arrive pas, je suis très timide. Quand on écrit, il faut avoir quelque chose à raconter.
J’avais des sujets mais c’était des bribes et puis cela ne suffit pas. Ensuite il faut une deuxième couche. Un morceau ce n’est pas rien. Et puis j’aime de la façon dont Beck écrit. Il a choisi parmi mes listes de mots… »

Le complexe Gainsbourg.– « Je suis complètement bloquée par la figure paternelle. Je n’ai pas envie de faire des choses nulles. J’ai peur de la comparaison, je ne suis pas humble du tout. Pour moi, c’est pratiquement inabordable. J’ai envie de faire quelque chose qui me plaise autant que ce que je lis de lui. Soit j’ai une patte et je me détache, soit j’écris en anglais. Mais je suis limitée parce que c’est ma deuxième langue. »

Le « décomplexe » Beck &Birkin.– « Beck m’a beaucoup poussée à faire de la scène parce que lui il est né avec. Il m’a trouvé un groupe de musiciens avec qui il a travaillé sur scène. C’est rassurant de savoir qu’il est derrière. Ma mère m’a dit aussi que c’était un plaisir particulier et qu’il fallait le vivre. Mais moi je vis comme mes parents ont vécu : on fait des albums mais sans forcément aller sur scène. Ils l’ont fait après vingt ans de carrière. Je trouve que c’est violent de monter sur scène et de chanter quand on est un peu timide. Mais je vais essayer. »

Et maintenant ?.– « On verra s’il y aura un autre album. Je ne sais pas encore avec qui. J’aimerais juste aller dans une autre direction ; mais finalement peut-être avec Beck parce qu’il est capable de tout. S’il en a envie, moi je serais pour. J’aime bien profiter des rencontres pour me chercher moi-même. Je ne pense pas m’être trouvée. » •

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