Yvan Attal parle de Charlotte Gainsbourg

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Yvan Attal ne plaisante plus – Dans Next – Par Françoise Marie Santucci, le 3 septembre 2011

Là, vous êtes très occupé ; comment vit-on quand on ne tourne pas ?
C’est compliqué. D’un côté je ne supporte pas les minauderies des acteurs et actrices qui sont très doués pour se montrer entre chaque film ; de l’autre je sais qu’il y a des risques à se faire rare. Cette image qu’on trimballe, qu’on doit gérer. Si tu refuses complètement ce jeu-là, on te repère moins, donc tu tournes moins, donc la pression est plus grande quant au film avec lequel tu «reviens». Avant, je vivais d’amour et d’eau fraîche. Là, il y a moins d’eau fraîche…

Je vais avoir un troisième enfant. Je me pose des questions. Je vois un psy. J’avais déjà consulté il y a longtemps, quand j’étais très hypocondriaque. On rit facilement mais ça n’est pas drôle. Je m’endormais en prenant mon pouls, ce genre de trucs… Mais ça s’était réglé très vite. [Voilà vingt ans que Charlotte et Yvan sont ensemble. Rencontre sur le tournage d’Aux yeux du monde, existence en retrait (relatif) du monde. Ils ne partagent pas grand-chose en public, elle l’égérie mode – notamment Balenciaga – d’un milieu que lui n’apprécie guère ; lui l’ex-frimeur qui semble aspirer à une autre vie. Cet été, la famille s’est posée en Bretagne, il a souvent navigué en bateau, fier de «devenir marin».]

Être le gendre Gainsbourg ?
Je ne sais pas quoi te dire. Oui c’est chiant les familles d’artistes, où le moindre de ses membres existe médiatiquement. Et il n’y a que des femmes… Ah, Lulu aussi. Cela dit, quand je me retrouve à manger chez ma belle-mère, c’est ma belle-mère, point [silence]. Non, le plus dur est de vivre avec Charlotte Gainsbourg… C’est de l’humour bien sûr ; enfin, pas totalement innocent [long silence].

Charlotte est proche de mes parents et il y a beaucoup de chaleur entre les deux familles, mais ce sont quand même deux univers totalement différents. Quand j’ai commencé à la fréquenter, mes parents ont mis des photos d’elle partout, les miennes avaient disparu, j’étais devenu leur gendre et elle leur fille [il sourit]. Et pourtant ils n’avaient jamais été fascinés par tout ça, avec leurs deux exodes, leur côté bien droit.

Charlotte/Yvan : avez-vous trouvé un équilibre ?
Non, il n’y en a pas. Elle a un statut d’actrice, elle peut dire qu’elle a été fantastique dans ce grand grand film qu’est Antichrist. Elle a eu des succès qui nous ont forcément déséquilibrés. Moi, bon an mal an, je m’en sors. Si on a trouvé une bonne mesure, c’est dans le fait de laisser travailler l’autre comme il l’entendait. Je n’ai jamais été tenté de la garder à la maison, même si aujourd’hui je pourrais y penser [il rit ; on doute que ce soit vraiment une blague]. On n’a jamais été un couple d’acteurs, ce lien-là n’existe pas entre nous.

L’amour ?
Plus ça avance, plus tu es inquiet. J’ai compris que tout peut arriver du jour au lendemain, que tout est fragile. Quand tu es avec quelqu’un depuis un mois, tu te sens invincible, l’histoire est facile. Après vingt ans, tu as des enfants, une carrière, et puis, c’est terrible à dire, tu vieillis… Et parfois des choses viennent pervertir ta relation, ce qui peut te faire regarder en arrière, penser aux décisions prises, en concevoir des regrets. Je ne sais pas… La vie avance vite, tu as envie de comprendre après quoi tu cours, ce qui t’apaise, comment on peut se faire un peu moins mal.

Yvan Attal: « Je suis toujours fou d’amour pour Charlotte » – Dans Marie Claire – Par Marianne Mairesse , le 3 mars 2010

M.M.: Une femme vous a-t-elle déjà rendu fou, comme dans le film ?
Yvan Attal:Oui. Je suis toujours fou d’amour.

M.M.:De Charlotte Gainsbourg ?
Yvan Attal:Oui.

M.M.:Après dix-huit ans passés ensemble ?
Yvan Attal:Oui. (Sourire.) Ça vous surprend ?

M.M.:Fou d’amour après dix-huit ans : oui, ça me surprend.
Yvan Attal:Enfin, si ça se trouve demain c’est terminé. Qu’est-ce que j’en sais, moi ? Je me surprends moi-même.

M.M.:Pourquoi ?
Yvan Attal:Je me surprends d’être aussi… tolérant. De passer sur un tas de choses que je pensais ne pas pouvoir supporter. Mais c’est toujours fragile. Rien n’est gagné, même après dix-huit ans. Ça peut exploser en ce moment.

M.M.:Qu’est-ce que vous pensiez a priori ne pas accepter et que vous avez finalement accepté?
Yvan Attal:L’idée qu’elle puisse être séduite par un autre homme et que, à la limite, elle pourrait coucher avec lui… à partir du moment où je n’en sais rien. J’admets que c’est une femme, elle est belle, elle a du succès, les hommes la regardent. Ce n’est plus un regard qui me dérange. J’admets aussi qu’elle-même ait envie de séduire.

M.M.:Vous avez beaucoup évolué par rapport à ça ?
Yvan Attal:Enormément. On ne peut pas exiger des choses de l’autre sans réciproque. Je tombe parfois sur des gens séduisants. Mais il y a une limite : on sait jusqu’où on peut aller et jusqu’où on ne peut pas aller.

M.M.:Jusqu’où vous pouvez aller ?
Yvan Attal:On le sait très bien… On peut très facilement provoquer une histoire d’amour, on peut se monter le bourrichon. Autour de moi, un tas d’amis sont séparés et le regrettent. Je ne dis pas de vivre avec des œillères et d’évacuer tout le monde. Mais il y a des périodes où c’est très facile de tout foutre en l’air.

M.M.:Avec Charlotte Gainsbourg, c’est quoi le ciment ?
Yvan Attal:Je ne sais pas. Quand on reste avec quelqu’un aussi longtemps et qu’on ne s’ennuie pas, c’est bien que ça vaut le coup, donc plus on avance, plus on a des raisons de se le dire. Il y a évidemment des moments où on a envie de remettre sa vie en question. Mais je crois que je serais malheureux sans elle.

M.M.:Pourquoi n’êtes-vous pas mariés ?
Yvan Attal:Ça m’aurait terrifié. Je n’ai pas voulu dire devant une quelconque autorité : « Je m’engage pour la vie. » Comment peut-on dire : « Je jure fidélité » ? On est tous des baratineurs. J’ai refusé de me mettre une pression supplémentaire. Le couple, c’est une chose trop fragile pour viser un idéal. Quand on est bien avec quelqu’un, ça demande des concessions. Forcément. Mais on ne perd rien dans l’histoire, en fait on ne fait que gagner.

M.M.:Et si Charlotte partait avec un ouvrier, comme votre femme dans le film « Partir » ?
Yvan Attal:Je prends la carabine et je la tue. Je ne tue pas l’ouvrier, je la tue elle. Le pire, ce serait qu’elle parte avec un grand acteur. Je serais encore plus humilié. On est atteint dans sa virilité. Quand j’ai été quitté par une fille que j’aimais, il ne s’agissait plus d’elle, il ne s’agissait que de moi. On pense qu’on ne vaut pas le coup. On n’a plus envie de soi… La preuve : l’autre n’a plus envie de vous. Au-delà du manque de l’autre, cela vous renvoie à votre échec.

M.M.:Dans les deux films que vous avez réalisés, vos mères parlent à chaque fois de « bons dîners». Elle vous fait de bons dîners, votre mère ?
Yvan Attal:Oui. C’est toujours ma mère: quand je vais chez elle, elle a envie de me nourrir. Elle croit encore que je suis un bébé, que je suis mal nourri. Elle veut me faire plaisir, me retenir.

M.M.:Une parenthèse : dans « Ils se marièrent et eurent beaucoup d’enfants », il y a une scène où vous êtes affalé sur le canapé à manger un pot de Nutella à la cuillère. Vous le faites dans la vie ?
Yvan Attal:Très souvent. Je mélange même avec des chips.

M.M.:Quand vous avez vu Charlotte Gainsbourg dans « Antichrist » de Lars von Trier, qu’avez-vous ressenti ?
Yvan Attal:Bizarrement, j’ai vu ce film à Cannes devant tout le monde et je n’ai pas eu une seconde de gêne. Je ne sais pas comment l’expliquer, j’aurais juré le contraire. J’étais tellement dans le film que j’ai oublié que c’était ma femme. J’ai été impressionné. Et puis c’est son choix. Qu’est-ce que je peux y faire ? Il y a dix ans, ça m’aurait peut-être énervé de la voir attraper le sexe de Willem Dafoe. Aujourd’hui je m’en fous.

M.M.:Vraiment ?
Yvan Attal:Elle rentre à la maison. C’est bien que ce truc ne signifie absolument rien.

M.M.:Quand j’ai interviewé Charlotte Gainsbourg, il y a trois ans, elle m’expliquait que depuis que vous la connaissez, « vos potes » sont moins là. Ils sont importants dans votre vie ?
Yvan Attal:Non, je suis avec ma femme. J’ai des potes – c’est pas le problème -, mais au fur et à mesure que ma vie avance avec elle, elle devient de plus en plus importante. On a des enfants, un noyau se resserre autour d’eux. C’est la vie vers laquelle je suis allé. Dès que je tourne un film et que je ne les ai pas avec moi pendant un certain temps, je perds pied.

M.M.:C’est ce qui compte le plus dans votre vie ?
Yvan Attal:Il y a autre chose qui compte plus que ça pour vous ?

Yvan Attal parle de Charlotte Gainsbourg – Dans Marie Claire – Par Marianne Mairesse , le 7 septembre 2010

La quarantaine tout juste passée, Yvan Attal parle encore des femmes en disant « les filles », et on sent qu’elles l’intéressent. Il aime cependant Charlotte Gainsbourg de tout son cœur. Gouailleur et tendre, souvent déprimé, il n’est pas un « garçon optimiste » – « statistiquement, Charlotte et moi, on n’en a plus pour longtemps » –, mais il sait le principal, à savoir ce que les « garçons » ne connaissent pas toujours : le prix de la liberté de l’autre, le respect de ses silences. Condition, selon lui, de la durée d’un couple.

Michèle Manceaux : Quelle qualité admirez-vous le plus chez votre compagne, Charlotte Gainsbourg ?
Yvan Attal : Toutes. Je suis en train de monter des petits films pour la promotion de son second album, je la regarde toute la journée sur la table de montage et je vois à quel point j’aime tout chez elle.

M. M. : Après plus de quinze années de vie commune, vous l’aimez toujours autant ?
Y. A. : Oui, mais pas « pareillement ». Il y a des hauts et des bas, des moments plus heureux que d’autres, mais je la trouve toujours unique, elle ne ressemble à aucune autre fille. Elle a vraiment une grâce, une personnalité, une manière de voir le monde et la vie qui me plaisent.

M. M. : Alors, on peut rester fidèle ?
Y. A. : Il n’y a pas de règle, je ne sais pas comment font les autres. Il est certain que l’on peut juger si la relation que l’on vit avec quelqu’un compte plus que ce qui risquerait de la mettre en péril. Et aussi être tenté par des choses…

M. M. : Des aventures ?
Y. A. : Ce n’est pas le mot, on peut être vraiment touché par quelqu’un d’autre. On pense alors que l’on passe à côté d’autres personnes belles et intéressantes. C’est impossible de vivre les yeux et les oreilles fermés. On peut donc être séduit. Il faut l’admettre. Si l’on se ferme toutes les portes, on implose. Donc, c’est difficile à gérer, je ne sais pas quoi répondre.

M. M. : Il faut admettre pour l’autre ce que vous admettez pour vous-même…
Y. A. : Bien sûr. C’est une évidence que les garçons comprennent un peu tard. Moi, je ne vois pas de différence entre les hommes et les femmes. Tout ce qui m’arrive, je pense que cela arrive de la même manière à Charlotte : ces aléas de la vie, ces moments, pas forcément de faiblesse, mais ces moments où, peut-être, on a besoin de se sentir séduisant dans les yeux de quelqu’un d’autre. Tout cela m’arrive et à elle aussi probablement. Après il y a des choses qu’on se dit, des choses qu’on ne se dit pas, chacun de nous a son petit monde secret. Ce qui compte c’est que Charlotte soit à la maison tous les soirs.

M. M. : Et si, un soir, elle n’y est pas ?
Y. A. : Alors on verra. Tous les soirs, c’est une façon de parler. Tant que la confiance est là, tant que l’assurance de l’amour de l’autre est là, le reste, je crois que je m’en fous. Je ne veux rien savoir.

M. M. : Le secret de la durée d’un couple serait-il de laisser la liberté à l’autre ?
Y. A. : C’est sûr, mais l’idée de l’autre est subjective. Moi je n’ai jamais empêché Charlotte de travailler avec des metteurs en scène ou des acteurs très séduisants. Je connais des hommes qui ne le supportent pas. C’est inquiétant parfois, mais j’aime tellement Charlotte que je trouve qu’elle mérite d’aller travailler avec des gens talentueux. Je ne me sens pas le droit de l’en empêcher. Et puis si on vivait moins dangereusement, on s’installerait peut-être dans une routine qui serait tout aussi meurtrière.

M. M. : Est-ce que les enfants soudent un couple ?
Y. A. : Certainement. En tout cas, on est obligé de penser à eux. Cela ne veut pas dire que si je tombais amoureux d’une autre femme, mes enfants m’empêcheraient de partir. Je ne crois pas qu’on reste avec quelqu’un simplement parce qu’on a des enfants ensemble. Cela vous empêche sans doute de faire exploser le couple tout de suite, mais si l’amour ailleurs est fort, les barrières sautent. Les enfants constituent un garde-fou qui ralentit parfois un processus, comme tout ce que vous avez créé pendant des années de vie commune. C’est sûr qu’un couple sans passé commun, sans enfant, vole plus facilement en éclats qu’un couple fort depuis longtemps ensemble. Encore qu’après de nombreuses années, on peut être lassé, etc. Il se trouve que j’ai l’impression qu’on s’aime encore.

M. M. : Qu’est-ce qu’on cherche quand on fait l’amour ?
Y. A. : (Sourires.) Cette question, vous auriez dû me donner une semaine pour y réfléchir avant de vous répondre ! Cela vaut le coup de réfléchir. (Long silence.) Il y a dans l’amour une espèce d’abandon de soi qui est peut-être vital. On vit toujours en contrôle, et l’amour physique présente peut-être le seul moment où tout lâche.

M. M. : Votre réponse me fait penser à un roman de Christiane Rochefort qui a eu beaucoup de succès et qui s’intitulait « Le Repos du guerrier »…
Y. A. : Oui, ce serait cela, l’amour : la guerre et la paix. Soudain, la paix.

 Au Grand Journal de Canal + – Source bb-buzz.com

Il n’est pas peu fier. Et pas peu jaloux non plus. Hier soir, Yvan Attal a révélé sur le plateau du Grand Journal de Canal +, que IRM, le dernier disque de son épouse, Charlotte Gainsbourg, s’était fait en famille. Enfin presque…

L’acteur, à l’affiche de Rapt de Lucas Belvaux, a confirmé que leur fils Ben, 12 ans, avait exercé ses talents de musicien.

“Il y a un titre où mon fils joue de la batterie et où, honnêtement, c’est une bête”, déclare Yvan Attal.

Même leur petite Alice de 8 ans a participé à sa façon.

“Et même ma petite fille qui fait une petite voix”, sourit-il.

Mais lui, rien. “C’est le seul endroit où, honnêtement, elle me fout les boules, dit-il. parce que moi, j’aurais rêvé d’être une rock star et je suis très mauvais chanteur, très mauvais guitariste, très mauvais tout…”

Dans les Inrockuptibles – Par Serge Kaganski, le 18 novembre 2009

MONSIEUR CHARLOTTE GAINSBOURG – Dans une époque propice aux divorces et aux familles recomposées, dans un milieu professionnel facilement associé au cliché “tout le monde couche avec tout le monde”, la longévité de son couple est émouvante. C’était toute la saveur de Ma femme est une actrice, un film qui “nous a permis d’exorciser des choses, de rigoler de certaines situations qui sont en réalité sérieuses”. Charlotte et lui ont un accord tacite : ils ne lisent pas les projets de l’autre et se tiennent à une certaine distance de leurs territoires professionnels respectifs.

Exemple avec Antichrist de Lars von Trier : “On était en vacances. Charlotte m’annonce que Lars von Trier veut l’engager et qu’elle tourne dans quinze jours. Elle s’est barrée et m’a laissé en plan avec nos enfants. C’est anecdotique, mais c’est pour dire que quand elle part faire un film, je ne sais pas ce qu’elle tourne. Elle était en Allemagne avec von Trier, me disait que c’était dur, mais c’est tout. Je ne suis pas allé sur le tournage, il y avait les enfants, la rentrée. Après j’ai découvert le film et, franchement, j’ai vraiment admiré ce qu’elle a fait. Aucun metteur en scène n’avait vu en elle ce qu’elle montre dans ce film. Je la reconnaissais, je la voyais sans la voir jouer, et en même temps j’étais dans le film, j’oubliais que ce personnage était ma femme. Elle a franchi un vrai palier.”

Yvan respecte la liberté de Charlotte, comprend parfaitement les ressorts de son travail et ne craint qu’une chose pour leur couple d’acteurs, “que l’un décolle quand l’autre stagne. Ça a failli nous arriver quand Charlotte a commencé à enchaîner les films, y compris à l’étranger avec Iñárritu, Crialese, von Trier… Là, on a un peu peur que l’autre s’en aille. Heureusement qu’il y a eu cette série de films cette année pour moi.”

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