Charlotte Gainsbourg @ Stereolux, Nantes, 10 Mai, 2012

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J’ai commencé la tournée avec Charlotte Gainsbourg et Connan Mockasin,

de Géraldine Sarratia, Les Inrocks, 19 mai 2012

Il est près de 20 heures. Dans la cantine de la salle Stéréolux à Nantes, Charlotte Gainsbourg tente tant bien que mal de faire manger sa petite Joe, assise sur ses genoux.

“Je l’allaite, je n’aurais pas pu envisager de partir en tournée sans elle, explique Charlotte. D’une certaine façon, elle m’oblige à hiérarchiser les priorités. Je pense beaucoup moins au concert, et ça c’est cool.”

Dans une heure, la chanteuse donnera le coup d’envoi de Stage Whisper, la tournée qu’elle a conçue avec le musicien néo-zélandais Connan Mockasin, auteur de Forever Dolphin Love, un des meilleurs albums de 2011. Les deux artistes se sont rencontrés il y a un peu plus d’un an, à la demande de Charlotte.

“Son album est tellement mystérieux. Ça a été un choc. J’ai tout de suite voulu savoir qui se cachait derrière ces morceaux. Je m’attendais à quelqu’un de complètement barré. Il l’est, mais il est surtout très simple et très intuitif.”

Dans une chambre d’hôtel, en une nuit, Connan a écrit Out of Touch, un morceau qui, dixit Charlotte, “lui ressemble”. L’idée d’une tournée commune s’est rapidement imposée.

Attablé à quelques mètres de là, le Néo-Zélandais fait le clown et joue avec un champignon géant dans son assiette. “On dirait un crabe, vous ne trouvez pas ?” La tablée se marre. “Je suis ravi de cette tournée, poursuit-il. Je suis curieux de voir ce que ça va donner. Jusqu’où on peut aller, jusqu’où elle peut aller. C’est beaucoup moins stressant que lorsque je joue en mon nom.”

20h30. Charlotte s’est réfugiée dans sa loge. Elle en sort furtivement, le visage tendu. Connan et le groupe foncent enfiler leurs tenues de scène, conçues par Nicolas Ghesquière. Uniformes blancs, chapeaux noirs et bottines sombres : le directeur artistique de Balenciaga a revisité et modernisé les codes d’Orange mécanique. “Scène dans cinq minutes !” Sofia, la tour manageuse, vient frapper aux portes des loges. Charlotte sort, sublime dans une tenue blanche et futuriste. Tandis que tous se ruent vers l’ascenseur, Connan se prend une porte et éclabousse sa tenue immaculée de vin rouge. Tout le monde explose de rire.

21h, montée sur scène. Le riff electro de Terrible Angels retentit. Très réussie, la set-list mélange titres extraits de Charlotte for Ever, d’IRM, et une étonnante reprise du Ashes to Ashes de Bowie. Charlotte passe à la batterie sur It’s Choade My Dear, un des titres de Connan. Sur Heaven Can Wait, chantée en duo, leurs timbres délicats se fondent à merveille. L’alchimie opère. 22h30, l’hédoniste et electro Paradisco clôt le show. Backstage, Charlotte claque une bise à Connan. Champagne. “J’aurais dû me lever sur celle-là. Ah oui… et cet enchaînement-là pourrait mieux fonctionner.”

Soucieuse, elle débriefe la set-list. “J’ai du mal à avoir du recul, explique-t-elle. J’ai tellement à dealer avec mes propres angoisses que je le vis encore égoïstement. Mais je me sens plus détendue que sur ma précédente tournée. Avec Connan et ses musiciens, je suis la pièce rapportée. Ça me plaît. J’aime sentir que je suis sous sa direction.” Tellement que Mockasin devrait, après la tournée, s’atteler à l’écriture du prochain album de Charlotte. Fin août, la comédienne rejoindra un autre de ses directeurs fétiches, le Danois Lars von Trier.

“J’adore le scénario qui retrace l’univers sexuel d’une femme, de ses 2 ans à la fin de sa vie. Je ne suis pas nympho, mais je me sens proche de la sensibilité de cette femme.”

Minuit. La silhouette blanche disparaît. Dans une demi-heure, le tour bus mettra le cap sur La Rochelle.

Géraldine Sarratia

concerts le 18 mai à Strasbourg, le 21 à Paris (Cigale), le 22 à Rouen, le 26 à Reims, le 29 à Nancy

Forever Dolphin Love

It’s Choade My Dear

Paradisco

Me And Jane Doe